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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 21:40

 

 

 

Nous sommes entrés dans le temps de l’Avent, c’est-à-dire de l’Attente de Noël. De ce qui va venir. Mais, étrangement, du moins en apparence, « venir » m’amène à  « souvenir ». A penser plus fort qu’à tout autre moment de l’année, au temps de l’Enfance, qui s’enfonce inexorablement dans le Passé. D’où, cette petite pointe de rêverie mélancolique qui se glisse dans la Joie de la Nativité, qui, elle, revient toujours aussi jeune, aussi actuelle.

 

Sur les chaînes médiatiques, non moins curieusement, les annonces publicitaires, qu’elles soient de produits ou d’évènements, font la part belle à d’inusables refrains américains, qui, incontestablement « collent »  à l’image de Noël, tout en privilégiant le romanesque, les émerveillements enfantins, par rapport à la dimension profonde de cette Fête, spirituelle, métaphysique, théologique, si dénaturée dans notre Société actuelle, qui fait de l’indifférence religieuse une norme  quasi…religieuse.

 

Et ces « tubes », que l’on croit usés, mais qui retrouvent leur charme dès qu’on les entend à nouveau, me font remonter dans le temps, et me pencher sur quelques souvenirs, à titre de conclusion pour clore les volets de cet « itinéraire country ».

 

Ce sera ma façon de respecter la Trêve de Noël.

 

Que me reste-t-il comme souvenirs de ces années ? Bon, voilà que je commence  en posant bien mal le problème, par une formulation maladroite de ma question : il est en effet plus qu’évident que j’en ai des souvenirs, à la pelle, et que les deux parutions précédentes de cet « itinéraire » sont nourries de souvenirs !!! 

 

Passons donc à un deuxième essai : pour être clair, je vais écarter les souvenirs de ce qui, durant un certain nombre d’années, s’était haussé à un véritable « quotidien » de la country : cours de danses à haute dose, fréquentation assidue de clubs, soirées à répétition, « démos » en toutes occasions, suivi continu des bons sites spécialisés sur internet. Le tout, mis en scène par un équipement vestimentaire de circonstance, qu’il était outrageant d’entendre qualifier de « déguisement » par des ignares goguenards, comme ce fut trop souvent le cas… Il y aurait à la fois trop à dire sur tout cela, et peu à apprendre à nombre d’entre vous, car ce quotidien n’a rien de spécial pour quiconque est passé par là.

 

Je vais donc réserver mon ultime évocation à quelques souvenirs particulièrement marquants, ancrés en moi, pour constituer une sorte d’album de  «  ce qui reste quand tout a disparu ». Et, dans cet esprit, je vais plonger dans l’univers des deux festivals français qui m’auront marqué, à savoir, celui de Craponne et celui de Saint-Agrève, sur ce plateau central devenu un coin d’Amérique profonde. Quand je parle « d’univers », cela signifie que je ne me limite pas, bien au contraire, aux seuls souvenirs musicaux, mais que cela englobe l’atmosphère particulière de ces évènements, vite vécus au fil des ans comme l’accomplissement d’un rite. Il en fut de même au temps où je parcourus la France et l’Italie, en quête de spectacles d’opéras.

 

C’est ainsi que Craponne est pour moi, non seulement ce festival géant – 3 jours, du vendredi au dimanche, et une quinzaine de formations – de Country Music dans toutes ses composantes, mais également tout qui tourne autour, à commencer, pour nous, par cette installation au même hôtel, à Bellevue-la-Montagne, à 13 kms du lieu du festival, avec les retrouvailles avec nos amis : une fois, nous sommes arrivés exactement au même moment qu’ Alain et Sabine, eux venant « du nord » - de la région parisienne – et nous, « du sud », du pays salonais : nos véhicules respectifs se sont retrouvés «  nez à nez » à l’entrée du parking de l’hôtel ! Faut l’ faire !!! Hôtel où nos chambres sont réservées d »’une année sur l’autre, toujours les mêmes, et où, dès nos arrivées, flottent à nos fenêtres, des drapeaux que nous aimons… Hôtel où, rentrés fourbus ( et quelques fois, trempés , douchés par un bon orage ), après la fin du concert de la soirée, on se retrouvait en petit comité dans le hall de notre étage, pour bavarder et se réconforter, autour d’un flacon de l’Uncle Jack, de la dynastie des Bourbons.

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                         Rencontres amicales à Craponne

 

Craponne, c’est aussi, le samedi matin en plein cœur du bourg, jour de marché où triomphent charcuteries et fromages, au milieu d’une foule énorme, sous les façades pavoisées aux couleurs françaises et américaines : c’est alors la lutte pour trouver une place à notre café-QG…Alors, quand il s’agit de trouver 6 ou 8 places !!! on patiente, debout, dans une bousculade bon enfant. Et ça chante dans tous les coins, sur des estrades, et ça pétarade, les Harleys !!!! C’est, le dimanche, au pied de l’hôtel, à Bellevue, la petite brocante, où il arrive qu’on trouve son bonheur, mais où on passe toujours un bon moment. Ce fut aussi, le soir, durant bien des années, une retraite aux flambeaux « comme avant », précédant un feu d’artifices nous redonnant un cœur de villageois. Ce furent les repas de groupe, en plein air, et puis, le lundi matin, car tout a une fin, les allées et venues – en silence – pour charger les bagages dans nos voitures, et pour, après une dernière accolade, reprendre chacun sa route, dans des directions opposées…

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                          Dans Craponne ville, l'ambiance...

 

Mais, va-t-on me dire, et les artistes eux-mêmes, n’ont-ils pas laissé de souvenir particulier ?  Ô que oui !!!, mais en 10 ans de Craponne, comment choisir ? Et comment, de plus, choisir sans paraître faire un classement ? Ils nous ont tous donné tant de plaisir, et, pour un certain nombre d’entre eux, tant de Joie, d’émotion ! . Alors, je ne vais donner qu’un seul nom, non pas pour le sacrer «  Number One » sur 10 ans, mais parce qu’il a été le seul où, pour nous, Craponne  ne fut pas  une rencontre sans lendemain. Cet artiste, c’est le Texan ‘latino » - John Arthur Martinez, qui a mis le feu à Craponne ce dimanche après-midi où il est passé en 2006, provoquant une acclamation générale debout, et que nous avons eu le bonheur de revoir «  in situ », dans le plus vieil honky tonk du Texas, le Gruene Hall, au nord de San Antonio, un dimanche de fin avril 2007, en compagnie de nos amis Jean et Irène, Après-midi de rêve, quasiment « en famille » au milieu de quelques dizaines de Texans – venus en famille -, avec des gosses qui courraient devant les artistes, lesquels jouaient, adossés à la cloison du bar, à 2 mètres de nous. Ce fut un concert  ( gratuit !!! ) de 4 heures non stop, sauf pour respirer un peu, et pour nous faire reconnaître de lui. En reprenant son tour de chant, il s’adressa à la foule en nous montrant et en disant qu’il y avait là des amis français, qui étaient venus le voir l’année d’avant au festival de Craponne, en France, ajoutant… « la France, vous savez ; c’est ce pays de l’Europe qui est à côté de l’Allemagne ! » . De fait, nous nous trouvions dans la partie du Texas ayant reçu la plus forte immigration germanique. Mémorable !!!‘

 

 

Mais, transportons-nous en Haute Ardèche, à St-Agrève, durant les mythiques  « Equiblues », qui, comme leur nom l’indique, sont la Fête du cheval tout autant que de la musique et son débordant accessoire qu’est la danse. Un vrai « village », à 2 pas du centre du bourg, un grand chapiteau comme pour un cirque, des boutiques qui l’entourent, et à côté», le domaine du rodéo, comme en pays cheyenne.  Une grande liberté d’accès, un  brassage de gens communiant dans le même esprit, du moins en ce temps-là. Un esprit « Westerner » bien plus que « cow-boy de cinéma ».

itineraire-3 0003                 Le stand fait recette


Mais, pour moi, St-Agrève, ce sont les cavalcades des chevaux de festivaliers, au petit matin, sur la prairie transformée en parking, où mon « cherokee vert » était en bonne compagnie,  tandis que l’air glacial se chargeait du parfum du café chauffant sous les tentes des campeurs.

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                          Le stand côté copains...

 

Et c’est, à l’intérieur du «  camp », le souvenir inoubliable du stand de « Country Music Attitude », notre P.C. de campagne  , lieu de rendez-vous, où l’on pouvait rencontrer des artistes, telle la ravissante Pauline Reese , ou la mythique « Grande Dame de la country western, Madame Joni Harms, qui se transformait en salon de lecture, et, à midi, annexant au passage un bel espace côté jardin, en lieu de pique-nique, ouvert aux amis…du moins, à ceux d’entre eux qui arrivaient assez tôt pour avoir une place.

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Mais tous  avaient droit à la rasade de Jack Daniel ou de « Four Roses »…en, toute « clandestinité «  bien visible ! Lieu d’échanges, mais aussi, où tout pouvait se passer ! Témoin, cet incident – accidentel, mais qui prit vite, en se répandant comme une traînée de poudre dans tout le village western, l’allure d’une tentative de meurtre : oui, sur ce lieu – enfin, juste derrière, sur le terrain herbeux, j’avais « poignardé »   Alain Sanders !

A la base, après avoir déjeuné ( et fait honneur à l’Oncle Jack !), Alain et moi avions évoqué un de nos jeux de lycéens qui consistait à prendre un couteau, à le prendre par le bout de la lame, et à le lancer sur le cercle de terre entourant les arbres de la cour, pour le planter, chacun à tour de rôle, en progressant de façon circulaire. J’avais joint le geste à la parole et tenté de refaire ce geste avec mon petit canif : tchouffa !  Alors, Alain sortit son poignard de commando qu’il avait à portée de la main, et me le tendit, pour que je recommence Mais, ce poignard était bien lourd, ma main peu assurée…Je le lançais, mais il partit de travers, et IMG (2)alla heurter… le sol, rebondissant sur le pied  d’Alain, et traversant sa botte en croco !. Par miracle, l’ énorme lame passa entre deux orteils, qu’elle  égratigna sans causer de mal, ce qui fut toutefois suffisant pour le faire saigner. Pas beaucoup, mais quand même !itineraire-3 0001 NEW Un instant après, mystérieusement avertis, les copains se pressaient autour du stand, sur les lieux du « crime », tandis qu’Alain, tout sourire,  exhibait la botte fendue, et un reste de tâche de sang…On avait au passage essuyé une belle engueulade de Sabine, mais ma réputation était faite !!! Un ami facétieux s’empressa d’en tirer une affiche, à base de portrait « arrangé », me présentant comme un killer….

 

Il est bien d’autres anecdotes de cette époque, ayant eu pour cadre les Equiblues….Josette ayant chuté en descendant sur le ballast, d’un petit train touristique qui venait de dérailler, tandis que j’étais resté au stand, et l’ami Jean, déboulant au retour de cette excursion interrompue et venant me dire tout à trac, à moi qui n’étais au courant de rien : «  Peter, ne t’en fais pas, Josette va bien…Elle est à l’hôpital !!! » Et puis, entre mille moments de bonheur musical, cet inoubliable spectacle assuré par la célèbre formation texane : «  Asleep at the Wheel », dirigée et animée par ce géant à la voix d’outre-tombe : Ray Benson…qui nous plongea tous dans l’ambiance de San Antonio et de Fort Alamo….Jamais on n’avait assisté à un tel triomphe…les danseurs s’étaient arrêtés de danser ( faut l’ faire !), et à l’issue du tour de chant de nos Texans, chose unique ici, les chapeaux avaient été lancés en l’air, dans une atmosphère de délire…n’est-ce pas, Jean-Claude ?....

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                                                           Derrière le stand un air de Wyoming

 

C’était il y a longtemps. En apparence, les souvenirs s’effacent, comme passent les grands nuages, poussés par le vent de l’océan. Aussi, pour m’y replonger, j’ai eu recours à un « retour sur image » : en écrivant ces lignes,  j’ai mis sur mon lecteur de CD, un bijou qui porte en titre : «  Remember The Alamo ». Un florilège d’airs interprétés par…Asleep at the Wheel.  Acheté aux Equiblues ? Non, à la source même ! Acquis en 2007 à San Antonio, à la boutique  d’Alamo, la Mission transformée en Musée, où palpite l’Histoire. Et le lendemain matin, quittant de bonne heure San Antonio pour prendre la route de la Louisiane, nous avions mis le CD dans le lecteur de la voiture juste au moment où nous roulions lentement devant The Alamo…

Ah, Faulkner a raison, cent fois raison : le Passé n’est jamais mort ; il n’est même pas le passé….

 

 

POST-SCRIPTUM POUR RÊVER

LE GRUENE HALL A NEW BRAUNFELS

 

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20 août 2013 2 20 /08 /août /2013 23:06

La Country dans tous ses états.

   

 (cliquer sur > pour une lecture en "musique"

 

853 103La découverte de ce monde  à part, mêlange d'enthousiasme, de fascination, et d'une certaine désillusion due aux difficultés d'initiation à la danse, aurait pu faire long feu. Mais, en mai 2002, le voyage en Amérique, sous la conduite de nos amis Alain et Sabine, fut une "révélation définitive". L'Arkansas mystérieux - forêts et cours d'eau -, la plongée dans l'Amérique profonde à Branson, "temple" rural de la musique country, dans le sud du Missouri, me firent entrer en communion avec cet univers. Puis, ce fut le Tennessee et Nashville, sa ville-culte: explosion de sonorités, de honky tonk en honky tonk, la poussée vers l'Est de l'Etat et l'ascension magique des Appalaches, au coeur des "smoky mountains" , la rencontre avec les Indiens Cherokee, et enfin, pour finir en apothéose, la contemplation saisissante du fleuve-Roi, le Mississippi, à Memphis, et le recueillement sur la tombe du King Elvis...Ce voyage fut véritablement INITIATIQUE.

 

Dès lors, l'élan était donné. Peu après le retour, je me mettais en quête d'acquérir un véhicule qui, quotidiennement, porterait mes rêves. Après d'assez longues recherches, je finis par trouver exactement ce que je cherchais: un 4x4 Jeep "Cherokee" d'occasion, acheté dans le Var à une vieille connaissance, ancien coureur automobile doublement mon compatriote : un " Maltais d'Alger "!. Cette fois, j'étais entré dans la Légende. Et même en matière de danse, je faisais désormais de constants progrès, " décoincé" par l'euphorie dans laquelle je baignais...et par une prof de danse assez fascinante !

La cadence des heures consacrées à la danse connut une progression... géométrique !

Une séance de 2 bonnes heures par semaine pour la danse en ligne, bientôt doublée - bien sûr pas le même soir - d'une séance identique pour les danses country en couple, le tout mis en pratique pour les soirées du samedi, auxquelles finiraient par s'ajouter des "démos" sur les places publiques ou en salles municipales, vinrent constituer l'ossature, et même plus, de mon emploi du temps, surtout si l'on prend en considération que tout cela se passait autour de l'étang de Berre. A cette donnée du temps passé, du fait de ces déplacements constants, s'ajoutait bien entendu celle des distances parcourues...durant toute cette période, surtout entre 2003 et 2006, les activités country " locales" - je mets bien sûr à part les "grands déplacements" vers les festivals d’ampleur nationale et même au-delà, du moins ceux qui, condition sine qua non, nous assuraient d’une totale authenticité de musique et d’esprit -  montèrent jusqu'à  800 à 1000 kms par mois, 10 mois par an !  Mais, n'étais-je pas propulsé de l'autre côté de l'Atlantique dès  que je m'installais au volant de mon Cherokee ?.... A propos, un jour - c'était en semaine, et à la maison - je m'aperçus, en passant devant une glace, que j'étais en bottes...Je me remémorai soudain ma remarque naïve à Alain en 2001, à Mirande , sur le port des bottes pendant quelques jours par an...Et ça me fit sourire, comme Alain m'avait souri, amusé...

 

Septembre 2003. Nous montions rejoindre Alain et Sabine au festival de Déols ( Chateauroux ), organisé par des amis. Nous avions fait étape à Issoire la veille au soir, et le matin nous prenions notre petit-déjeuner à l'hôtel. Josette avait en mains "La Montagne", le journal local, et le parcourait. Moi, je buvais mon café. Soudain, la voix altérée, elle me dit : " Johnny Cash est mort ".  Je fus frappé de stupeur: je m'emparai du journal, comme incrédule. Devant l'évidence, je ne pus prononcer le moindre mot : j'étais foudroyé. En remontant dans le Cherokee, une fois sortis de la ville, on mit un CD de Cash, et on roula ainsi, dans un silence de veillée funèbre. A Déols, Alain et Sabine étaient bien sûr déjà au courtant. Alain et Sabine étaient les parrain et marraine de ce petit festival, quasi familial, mais à l' inégalable authenticité américaine, exaltée par le fait que Chateauroux avait été longtemps une grande base US, et que la population en gardait un souvenir vivace. Le festival, hasard du calendrier, s'ouvrait le 11 septembre. Le choc de 2001 était encore intact. Alain, tout de noir vêtu, consacra son  discours d'ouverture à l'Attentat et à " l' Homme en Noir "qui venait de nous quitter,  en des phrases d'une puissante sobriété. Les gorges étaient serrées, dans un écrasant silence. Ce fut poignant. Alain, Je n'oublierai jamais !

C'est désormais l'époque des "festivals" tous azimuts. Dans notre région, et bien plus loin...A titre d'exemple, celui de Déols laissera de merveilleux souvenirs. Retrouvé quelques années après sa découverte en 2003, cette fois en compagnie d'amis de notre Club provençal, il va nous donner l'occasion de nous "produire " à 4, en 2 couples,seuls sur la piste, pour une exécution mémorable de la célèbre valse lente " Mexican Wind ", à la chorégraphie très "ouvragée"...

 

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Mais, les deux Festivals qui vont tout dominer, et dans lesquels on va plonger chaque année avec l'assiduité d'un rituel,  sont les "Equiblues " de Saint-Agrève, en Haute Ardèche, et le Country Rendez-Vous Festival de Craponne, en Haute Loire.

 


" Aux équiblues de Saint-Agrève , le rodéo est de qualité USA "

 


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                         "Orage sur  Craponne s/Arzon, en début de soirée..."

 

 

Leur empreinte restera inéffaçable, par la masse de souvenirs, d'instants forts, d'enthousiasme, de dépaysement ( ou plutôt, de "repaysement" en Amérique ! ) d'anecdotes, de communion fraternelle au sein de notre groupe d' aficionados , auquel venaient se mêler, une année ou une autre, par roulement , et parfois tous en en même temps, des amis du club de country, voire des amis non danseurs mais amateurs d'ambiance musicale de l'Ouest américain. C'est bien simple : nous ayant fait pénétrer dans la Légende d'un monde incontestablement constitué à base de souvenirs d'enfance et d'adolescence ( Livres, BD  , films, disques...), ces festivals sont devenus eux-mêmes une Légende pour nous.

041                     " Après l'orage....l'arc-en-ciel. ET le spectacle continue ! "


Mes souvenirs se bousculent, et mon propos ne peut éviter de laisser transparaître une insidieuse nostalgie : c'est que, si ces festivals perdurent, une évolution est inévitable, et, non moins inévitablement, elle risque de se faire dans le sens d'une certaine  perte de substance et d'authenticité.

Eté2008 038

" On prend des forces, car la nuit sera longue...et on est à 1000 m d'altitude"

 

Et puis, nous passons, nous aussi : 12 ans se sont écoulé depuis notre premier festival, ,et bien plus encore pour ceux qui nous y ont initiés. Le temps est un facteur de risques : la routine, c'est un peu, et même beaucoup, la rouille des sentiments, et  donnée plus fatale encore, les destinées de chacun d’entre nous ont tendance à s'écarter les unes des autres...Alors, progressivement, en contrepoint, s’écrit en nous une Mythologie, traversée de visages disparus, de noms effacés, de bruits de voix lointaines…Et l’on finit par se demander : « a-t-on vraiment vécu cela ? ». Je le ressens d'autant plus que, pendant que j'écris ce texte, dans la touffeur suffocante d'un immeuble d'Agen, se déroule le festival de Craponne 2013, auquel nous n'avons pas pu assister ( et ça avait déjà été le cas pour moi en 2011 ).

Eté2008 024         " les Texans en Auvergne...On en oublie les  +8° de température " 

060                         " Toujours le Texas : un Géant de la country " 

104

                           " Et pour être un Géant, c'est un géant !!! ".

 

Et pourtant, j'ai beaucoup encore à raconter...Trop, certainement, pour le cadre limité de ce Blog. J'avais prévu de mentionner quelques observations sur les spécificités de chacune de ces 2 manifestations, de leurs avantages mais aussi de leurs petits inconvénients ( qui, à la longue, peuvent devenir gènants ). Et je voulais terminer avec quelques anecdotes savoureuses, et en tous cas, marquantes...On verra ça une prochaine fois.


Mais peut-être, s'il venait à l'idée d'Alain de faire une émission à Radio Courtoisie sur le thème de ces festivals d'été, qui n’ont jamais les honneurs de la « grande Presse », et qu'il me convie à y participer, je crois que ces souvenirs " passeraient" mieux oralement que par écrit , de surcroit via internet....

 

 

(  à  suivre...)

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30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 22:33

 

 

PHASE 1 : JUSQU’ EN  JUILLET 2001

         _______________________

La Country n’est pas perçue de façon autonome :

Elle est Partie intégrante du WESTERN 

 

Peter à Austin-3L’Amérique qui nourrit mon imaginaire est celle des Bandes dessinées, dans mon tout jeune âge,  (« Kansas Kid », etc) celle aussi du « Dernier des Mohicans », livre qui m’a « marqué », puis des Films de John Wayne, Gary Cooper, Richard Widmark, etc, etc… Musique et danse sont celles qui font partie des films, même en disque. Et K7 audio. Et je reste marqué par «  Dans les plaines du Far-West quand vient la nuit, les Cow-Boys autour du biv’ouac sont réunis » de mes 10 ans, chantés par Yves Montand  , ainsi que par « quand allons-nous nous marier…mon cow-boy adoré » dans lequel on parlait d’un « tueur du Texas », de la même époque.

 

Exemple le plus spectaculaire : mon voyage de JUIN 1984 . Ce que je tiens à découvrir en priorité absolue à partir de LOS ANGELES, notre point de destination, c’est l’ARIZONA légendaire : TOMBSTONE ( hélas, pour un très court instant), et TUCSON, où je mise tout sur OLD TUCSON, le monde de RIO BRAVO. De même, pour la découverte de MONUMENT VALLEY.

En route, sur la radio de bord, je capte de la Country music – avec délice – je me souviens de «  Yellow Roses of Texas »…Mais  pour moi, ça fait partie de l’univers  mythique de l’Ouest. Et, lorsque revenu à Versailles, je sonorise la 2ème bande de mes   films, je mets de la musique de westerns…la seule que j’ai en disque.

 

Au cours du voyage, j’ai pourtant acquis un chapeau – en paille – « cow-boy », à Tombstone, et un ceinturon avec boucle – représentant un  chariot de pionniers – au Grand Canyon du Colorado. + une chemisette à carreaux à Los Angelès. C’est bien sûr « Country », mais je ne le sais pas. D’ailleurs, je ne me pose pas la question. C’est « Western ». C’est tout. J’ai jeté une fois ( à Los Angelès) un coup d’œil de curieux aux bottes, mais que j’ai trouvées trop chères , et inutiles, n’imaginant pas un  seul instant en portant en France !.

 

Parallèlement, je me passionne pour l’Histoire, notamment celle de la Guerre de Sécession – côté Sudistes, cela va sans dire. « Autant en emporte le Vent » est pour moi le film n°1…et j’ai évidemment lu l’immortel roman de Margaret Mitchell…

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Au cours des années 80 , je vois dans le journal « PRESENT » les chroniques , souvent des pages entières, consacrées à l’Amérique par mon ami Alain, mais j’avoue donner alors la priorité aux récits historiques, aux films Western, et fort peu à ces fiches qu’il réalise sur des chanteurs et chanteuses, certes très sympathiques, mais dont les noms ne me disent rien, à part Johnny Cash, bien sûr…

 

 

 A la mi -  98, Alain et Sabinecréent , sous forme de petite Revue, la « Lettre mensuelle de Country Music Attitude », association qu’ils viennent de former.

 

Un an après, en 1999, je m‘abonne à CMA . C’est un tournant, car je m’engage pour la première fois dans l’univers spécifique de la Country, laquelle étant, aux yeux de mes amis, une ATTITUDE, est en pleine harmonie avec ma propre conception. Mais, je ne suis que dans la première partie de ce « tournant » , étant encore trop plongé dans l’activité politique salonaise…

 

Plus encore, ce sont mes responsabilités de Président National du Cercle Algérianiste, en une période très difficile, assorties de ma fonction de Conférencier dans les mêmes cercles, nécessitant de nombreux déplacements, qui sont obligatoirement mes priorités. Je me consacre aussi beaucoup au monde des Paquebots…

 

L’obstacle majeur à un progrès décisif est l’énorme avalanche de noms nouveaux qu’il faut assimiler, (à 95% américains) dans cette Pléiade de chanteurs et chanteuses cités dans CMA, au travers de  leurs concerts et de leurs CD …Il y a une lente maturation à opérer, d’autant plus lente que je reste « extérieur » aux manifestations Country la plupart loin d’ici….C’est d’ailleurs pour moi un monde inconnu, et pour cause….A commencer par tous ces vocables nouveaux : « Bluegrass, Honky Tonk, Hillbilly, Red-Necks, Grand Ole Opry, etc , etc…. ». Et je n’ai aucune idée de la façon dont se déroulent ces manifestations-Country dont parle CMA ….à commencer par les tenues qu’on y porte ! Tout cela reste encore très loin de moi….Mais, j’ai déjà des K7 audio, et quelques CD, en nombre certes limité. ET J’AIME CETTE MUSIQUE. VISCERALEMENT.

 

Toute l’année 2000 se passera ainsi . 2001 s’ouvre dans les mêmes conditions de surmenage. C’est alors que, vers la fin du printemps, Alain va me persuader d’aller assister au Festival de MIRANDE , à mi-juillet, nous invitant à les rejoindre tous deux sur place.

 

 

 

 

PHASE 2 : de Juillet 2001 à Avril 2002

                 _______________________           

 

Entrée dans l’univers des Festivals et Début de la Country line dance

 

Mi-Juillet : MIRANDE

 

Lorsque nous débarquons dans la petite cité gersoise, que je découvre, après être passés voir notre chambre d’hôtes à 5 kms de là, c’est un double choc. Alors que la doc dont je dispose fait état d’un lieu bien défini, hors du centre, pour la tenue du Festival, nous sommes accueillis par des flots de  musique country, dès les abords de la bastide, déversés par des haut-parleurs installés dans chaque rue..A cette plongée sonore s’ajoute aussitôt un choc visuel, en apercevant devant nous, se rendant tranquillement vers le centre-ville (la place d’Astarac), une famille, avec père, mère, et gamins , tous habillés «  en cow-boys » !!!: chapeaux, bottes, gilets, etc…ON EN EST RESTES BOUCHE BEE !!!!

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Si j’insiste sur ce qui peut paraître un détail anodin, c’est parce que, 3 ans après , je m’aperçois que ce fut un instant capital, « historique » ! Moi qui n’avais jamais fréquenté les parcs d’attraction en France, je n’imaginais pas concevable

qu’on puisse être en tenue western en pleine rue, en plein jour : c’était pour moi une  tenue réservée à des sortes de bal masqué ou autre fête en milieu fermé…Or, je découvrais soudain que ce type de fête pouvait prendre une dimension véritablement publique, au vu et au su de tous, comme si l’Ouest américain, celui de notre imaginaire, venait  pendre forme parmi nous….

 

Et c’est en tremblant d’émotion que, l’instant d’après, je faisais l’acquisition, place d’Astarac, de mon premier chapeau (à ce moment-là, je pensais d’ ailleurs que ce serait LE chapeau, l’unique…).Cadeau de ma mère pour mes 66 ans ! Allais-je revenir en enfance ? (dans une certaine mesure, bien sûr que si !)…

 

Bon, je ne vais pas me laisser aller à raconter par le menu ce festival de Mirande 2001 , si riche en souvenirs de toutes sortes ; mais, sur le plan de la seule Country, ce fut évidemment le baptême du feu, ou plutôt la première confrontation avec l’ensemble « concert » et « line dance ». Pour la partie concert, ce ne fut pas une surprise, mais simplement le passage à la réalité de la musique, au-delà des CD …Pour la partie line dance, par contre, ce fut à la fois une totale révélation …et un blocage absolu au niveau de toute tentative d’esquisser le moindre pas. De toutes façons, j’avais trop de choses à découvrir dans cette immense arène qu’est le lieu du festival : stands de chapeaux, de chemises, gilets, de colliers et autres bracelets indiens, boucles de ceinturons, disques, photos, badges, drapeaux, objets variés, et jusqu’à ce fabuleux « truck » Kenwood noir, farci de bottes ! Je fais le saut en fin d’après-midi, et achète une superbe paire de « texanes » assez lourdes…une fortune, mais l’ambiance, l’euphorie, les vapeurs d’Armagnac, l’exemple d’Alain et Sabine…Voilà qui dissout toute inhibition !

 

Nos deux amis tentent de suite de nous initier à la danse….en nous invitant à les regarder un instant puis, tout simplement à les imiter : comme si c’était si simple ! «  c’est facile, nous disent-ils d’un ton encourageant, faîtes ceci, puis cela… » Ouais… Josette essaye, puis renonce rapidement : moi, je reste au bord  de la piste, comme fixé au sol par des fondations. Et puis, tous ces danseurs, habillés comme pour une comédie musicale à grand spectacle, et qui font des figures savantes, et en tous cas incompréhensibles pour celui qui regarde..Non , ce n’est pas pour moi… « Il faudra prendre des cours » nous disent-ils, « allez-y, il y en a là-bas »…Mais, je préfère me plonger dans l’écoute des chanteurs et des groupes, et musarder le long des stands…C’est cela, pour moi, le fondement même de la country…

 Bikers à Luckenbach

Le lendemain  samedi, on passe une partie importante de la journée, toujours avec Alain et Sabine, place d’Astarac, où se déroule le « off », dans une super-ambiance bon enfant au milieu de stands ( j’y ai acquis mon chapeau et une boucle), et des brasseries, avec pas mal de bikers…Alain et Sabine vont soudain danser sur la place, entre les tables, donnant le signal à un tas de gens. Parmi eux, quelques jeunes du coin, qui tentent de les imiter plus ou moins maladroitement, en se plaçant derrière eux : c’est juste ce que nos amis nous demandaient de faire la veille, et là, j’avoue que je suis tenté, mais voilà, une chose soudain m’arrête : j’ai mon beau chapeau noir « cow-boy » tout neuf, mes bottes neuves, ma belle chemise blanche à parements noirs, également neuve : le parfait uniforme, en somme : je ne peux pas, dans mon esprit, le ridiculiser, cet uniforme, par mon inévitable maladresse , et j’ai crainte de provoquer des sourires ironiques…Ah, si j’étais en  tenue anonyme d’estivant, comme ces jeunes, je me serais risqué, sans redouter des lazzi du genre :  « regardez ce cow-boy à la manque, qui danse comme un ours de foire ( ou autre amabilité.) ».

 

Le dimanche après-midi, lorsque nous quittons Alain et Sabine, pleins de nostalgie, ils  nous ont persuadés de les rejoindre le mois suivant à Saint-Agrève, aux EQUIBLUES, où là ils ont un  stand. Et ils disent que c’est si merveilleux ! Ils l’ont déjà écrit dans la Revue CMA .

 

C’est sûr, on ira, pas pour toute la durée (on entre à petits pas dans l’univers des festivals country), mais on découvrira le monde fascinant des Rodéos…

 

Une anecdote significative (sur le chemin à parcourir) avant de quitter Mirande. Juste après avoir acheté mes bottes, guidé par A et S, je dis à Alain, croyant être perspicace : « ainsi, toi, avec tous ces festivals de l’été, tu es en bottes pendant l’équivalent de bien 3 semaines dans l’année ! »…Et je m’attire cette réponse lapidaire d’Alain, sur le ton de l’évidence surprise  par la naïveté de ma question : « mais, c’est pratiquement pendant TOUTE L’ANNEE que je  porte mes bottes !!! »….

 

MI AOUT :  SAINT-AGREVE 

 

Pour le public, les EQUIBLUES commencent le jeudi soir, et se terminent en fin d’après-midi du dimanche. Nous arrivons le vendredi vers 16h. Nous avons obtenu de justesse une petite chambre dans un hôtel à Desaignes, à une quinzaine de kms en contrebas de St-Agrève, sur la route de Valence. Le paysage est magnifique, et me rappelle des souvenirs d’Amérique, vers Flagstaff, l’ampleur en moins, bien sûr. Emerveillés par cette atmosphère de Ranch. La présence imposante des chevaux, ainsi que d’un troupeau de solides bovins, change du tout au tout avec Mirande. D’emblée, on sent une plus grande « authenticité » ouest-américaine. Le soir, sous le chapiteau, on se croit dans un vaste saloon ! C’EST LE CHOC. SAINT AGREVE PREND DE SUITE UNE PLACE A PART DANS MON ITINERAIRE COUNTRY…

 

Mais le lendemain matin samedi, plus de possibilité de tergiverser : d’ailleurs, Josette en a très envie : il y a des cours « d’initiation » à la line dance . On s’y inscrit. Remarque qui va être importante pour la suite : on est très couverts, car le matin, au départ de l’hôtel à Desaignes, il faisait 7° .En plus, j’ai mes lourdes bottes, mon grand chapeau noir en feutre rigide, etc…

 

La leçon dure 2 bonnes heures. La prof vient d’un club de Lyon. Elle est assez « énergique ». J’éprouve d’emblée beaucoup de mal, à ma grande surprise, car ayant le sens du rythme et l’oreille musicale, je pensais que cela me faciliterait les choses. Je fatigue assez vite, physiquement , mais aussi nerveusement. Tous ces mouvements, toutes ces figures me sont rigoureusement inconnues. On va aborder plusieurs danses à la file, et c’est de plus en plus compliqué au fur et à mesure, parce que , à la difficulté propre à chaque danse , s’ajoute la confusion avec les pas de la danse précédemment « apprise ». J’ai le sang à la tête, mais je fais de mon mieux : il faut que « j’honore mon chapeau » ! On a ainsi abordé  le Cheyenne,  le Tush-Push et la Texas Waltz. Mais, un incident, bref et banal, mais qui va avoir un grand retentissement sur moi, se produit pendant le Tush-Push, au moment où on fait rouler ses hanches : j’ai cru possible, pris par le rythme endiablé de la musique, de faire une figure de type « twist », en m’aidant de mes bras  et en balançant d’un  pied sur l’autre : repéré par la prof, j’ai eu droit à un « savon » plutôt sec, du genre : « monsieur, on n’est pas ici pour danser des mouvements à sa guise comme dans une soirée .. », le tout évidemment devant 50 personnes…J’aurais voulu disparaître sous mon chapeau…et cela m’a marqué. La danse country s’avérait difficile ; mais elle pouvait être également désagréable.  CELA SE PRESENTAIT MAL …..

 

Le lendemain, Josette a dû beaucoup insister pour que je me réinscrive. En plus, l’atmosphère était encore plus tendue que la veille, à raison de nombreux resquilleurs, qui se mêlaient subrepticement aux stagiaires payants, en les regardant travailler , puis en s’infiltrant peu à peu dans les rangs, l’air de rien.

 

Après plusieurs mises en garde de la prof, sans effet réel sur les resquilleurs qui jouaient les innocents, la séance a dû être arrêtée un instant, chacun se faisant connaître comme ayant payé….C’était tout-à-fait justifié de la part de la prof, mais, bonjour l’ambiance ! Vu le monde, sous le chapiteau chauffé par un grand soleil, l’atmosphère devenait irrespirable.. Et on était aussi chaudement vêtus que la veille… Au bout d’une heure ¼ environ, je n’en pouvais plus, et , au bord de la syncope, congestionné violemment, je dus m’arrêter, et sortir respirer. Je ne revins pas danser.

 

Le moral était au plus bas en ce qui concerne la country dance. Une réflexion pas du tout mal intentionnée d’Alain : «  Josette s’en sort pas trop mal, et mieux que Pierre », mais tombant bien mal, faillit m’achever, et me décourager définitivement au niveau danse. La veille au soir, sous le chapiteau, j’avais dansé un peu au milieu de la foule des danseurs ( et sans Josette, fatiguée par un méchant refroidissement), n’importe comment mais joyeusement. Le samedi soir, je n’ai pas esquissé un seul pas. D’ailleurs, j’avais la tête ailleurs ; la tête et le cœur : j’étais (debout) au pied de l’estrade où se produisait une chanteuse dont je venais de connaître l’existence par Alain et Sabine : JONI  HARMS . Ah , BLUE MONTANA MOON ! Comme cela me consolait de ces pas alambiqués de danses dont l’approche se révélait bien ingrate !

 Luckenbach

Alors, la COUNTRY, une MUSIQUE : OUI ! des CHANTS : OUI ! une AMBIANCE : OUI ! une ATTITUDE : MILLE FOIS OUI !!! Mais, une DANSE : HUM !!!!!!

 

L’heure n’avait décidément pas encore sonné….

 

Au retour à Salon, nous n’étions plus les mêmes : nous venions d’entrer enfin dans cet univers country, effleuré depuis tant de temps…

 

La Country , c’est l’Amérique, et , moins d’un mois après les EQUIBLUES de St-Agrève, le 11 SEPTEMBRE est venu nous anéantir. Nous n’oublierons jamais cet après-midi là, avec l’annonce à la radio de la 1ère attaque aérienne à NY, dans une boutique d’objets  de marine du Vieux-Port, à Marseille, puis, un instant après, la vue en direct du 2ème avion-bombe dans les Twin Towers, pétrifiés devant le poste télé de l’Irish bar, toujours au Vieux Port, en compagnie des jeunes patrons, en état de choc. Et ce fut l’effondrement de la 1ère, puis de la 2ème Tour….Combien de temps sommes-nous restés là ? Les patrons nous ont offert une bière, en silence, comme dans une veillée funèbre.. Une fois sortis, nous nous sommes engouffrés dans la voiture et avons filé vers Salon , muets. Seule, la radio de bord disait l’indicible : les Tours effondrées sur leurs occupants, les centaines de pompiers new-yorkais pris au piège, et puis le Pentagone , à Washington, et puis cet avion, écrasé dans la campagne, après une lutte héroïque des passagers….et puis, et puis…..Deux jours entiers pendus aux postes, TV, radios…Pourquoi raconter tout cela, archi-connu, dans ces souvenirs anecdotiques sur mon itinéraire Country ? PARCE QUE, A PARTIR DE CE JOUR LA, NOUS NOUS SOMMES SENTIS « AMERICAINS » .CORPS ET AMES  (1).

 

Et, comme par hasard, les choses s’accélérèrent : un élu local, amateur de musique US, et sachant nos goûts, nous apprit qu’une soirée de danse Country allait avoir lieu à Vitrolles , organisée par une association «  Nord & Sud ». Hélas, ce jour-là nous n’étions pas disponibles… «  It’s a long way to.. .»

 

Quelque temps après, je pris contact par téléphone, et j’appris qu’il se donnait des cours, notamment pour débutants dans la région, à Vitrolles, salle du Roucas.    Dès le premier contact, abordé, cela va sans dire, avec la plus grande appréhension, il y eut un fort courant de sympathie. Avec le couple de dirigeants, qui nous parut très vieux (mais en réalité, bien plus jeune que moi !), à raison de nos liens respectifs avec la personne qui nous avait recommandés, mais aussi avec les 2 profs, surtout la blonde et radieuse S***, dont l’accueil chaleureux, et sans la moindre « hauteur » fut le déclencheur décisif de notre entrée dans ce monde. Rien à voir avec l’ambiance en porte-à-faux des stages de St-Agrève !

 

Pour sourire : le climat fut donc d’emblée euphorique. Et , dès ce 1er soir, abordé par un « cow-boy » aux airs de « dur », grosse moustache et cheveux tombant comme un gitan, sous son chapeau blanc, qui me demanda sur le ton de l’interrogatoire si on avait déjà eu un contact avec la danse country, je répondis du tac au tac : « bien sûr ! ». Et quoi ? insista le « gitan cow-boy ». Je lâchais sur un ton négligent : «  Cheyenne, Tush Push, Texas Waltz » !!! Je dois dire qu’il en était resté médusé ! Et moi qui n’avais pas retenu le moindre pas de ces danses ! En réalité, je venais inconsciemment de prendre ma revanche sur ma déroute au stage d’ août à St-Agrève… Au « détriment » de…J-L*** !!!! En fait, cette réponse, une fois la surprise passée, avait dû lui plaire…

 

Tout se mettait en place de plus en vite : Alain et Sabine nous invitèrent à passer le réveillon du Nouvel An avec eux chez Sabine, à Paris,  en présence d’un autre couple de spécialistes de la country (elle, prof de line danse ; lui, musicien). Ce fut un réveillon MEMORABLE : le petit appart de Sabine est un Musée, murs recouverts d’affiches, de posters, de… chapeaux ( oui, cela m’a inspiré, même si moi j’ai ensuite « mis le paquet » !) Ce fut une nuit 100% COUNTRY ….

 

Et puis, Et puis, le plus beau « cadeau » de Premier de l’An : Alain et Sabine nous proposèrent de les accompagner …EN AMERIQUE pour le mois de MAI suivant (2002), direction BRANSON – Missouri – et NASHVILLE, via MEMPHIS !!! Alors, qu’importe si, au cours de cette nuit inoubliable, on ne fit qu’esquisser maladroitement quelques pas, malgré les encouragements « méthode Coué » d’Alain ( « c’est facile ! c’est facile ! fais comme nous !... ).

 

JANVIER 2002, Les cours commencèrent à  Vitrolles…

 

Mais, bien qu’ayant laissé les rênes de la présidence nationale du Cercle algérianiste à un successeur, j’avais encore de lourdes occupations au cercle, entre autres, un certain nombre de conférences programmées en divers endroits de France.. D’autre part, nous étions amenés à nous absenter assez souvent de Salon, pour des séjours relativement conséquents. Autre facteur négatif : les cours de danse avaient alors lieu le vendredi ; or, les conférences au cercle sont surtout programmées en fin de semaine : vendredi ou samedi, provoquant mon absence pour tout un W.E. par conférence donnée ….    

 

Ainsi, au cours de ce 1er trimestre, capital, entre une occupation et une autre, j’en arrivais à manquer 3 semaines de suite… Terrible handicap, alors même que je peinais quelque peu (notamment, une quasi impossibilité de tourner sur moi-même, de faire des crochets avec le talon, etc.. En plus, à chaque leçon, la dernière ½ heure, au moins, s’effectuait dans un complet «brouillard », par épuisement physique et nerveux… J’étais parfois en proie au plus total découragement, et je dois dire que si j’ai persévéré, c’est grâce à S*** .Et aussi à son mari, A*** .

 

Seule danse bien maîtrisée à l’époque :…Le CHEYENNE …. Comme quoi !

Mais, le cheyenne appris, à savoir sur un rythme très lent ( et sans doute, ceci explique cela !). Parmi les danses qui me rebutaient : la CUCARATCHA ! Pourquoi ? A cause du déhanchement du début !!! Ah, comme on peut changer !!! Et je préférais bien sûr les chorégraphies proches de l’esprit western, telles celles du COW BOY STRUT,et du TEXAS STOMP..

 

 

TEMPETE D’AVRIL A AIX….

 

Alors que le « Voyage » approche, en avril se situe un incident révélateur :

 Bikers à Luckenbach copie

Avec R***, un ami algérois, qui est « country » par la musique, et d’esprit western, mais surtout « relax », on a l’idée d’inviter Alain pour entendre sa fameuse conférence , dont on a entendu parler dans la Revue CMA. On invite donc Alain et Sabine , mais dans le cadre d’une association Pied-noire dirigée par cet ami, et que j’anime aussi par mes conférences historiques. Je suis perplexe sur le succès de cette initiative auprès des membres, qui portent certes Alain aux nues, mais dans un domaine tout autre que celui de la country : c’est le journaliste « engagé » comme on dit aujourd’hui (mais seulement pour l’autre côté de l’échiquier), ardent et talentueux défenseur de notre cause  qu’ils connaissent, et en général, les américains, ils n’aiment pas trop, depuis qu’un certain sénateur J-F Kennedy, aida naguère le camp des fellouzes…. En plus, je vois mal l’organisation de cette soirée à la maison des rapatriés d’Aix, lieu habituel de nos rencontres…

 

Il faut donc partir sur l’idée de la faire dans un  restaurant ami, dans la campagne aixoise, dont le président est un client assidu…Ingénument, je parle du projet à S***, pour voir si on peut en parler aux danseurs, et si cette soirée l’intéresse elle-même, pour y venir avec son mari. Car, il serait prévu de dîner, et de danser country, après la double conférence (Alain, pour l’histoire de la musique ; Sabine, pour l’histoire de la danse)..R*** m’assure de son côté de l’accord total du jeune patron du resto, d’ailleurs fils d’amis pieds-noirs membres actifs de l’ association…

 

Mais, S*** réserva un accueil plus que réservé à cette idée, et se retrancha derrière la nécessité de demander l’autorisation… de J-L***, ce qui me surprit (et me déplut) car je ne lui avais parlé de cette soirée qu’à titre personnel, pour un dîner au restaurant entre couples amis, la conférence étant au demeurant gratuite. RV fut finalement convenu chez elle, où l’on alla R*** et moi, reçus par S*** et son mari, pour y rencontrer J-L*** , qui vint avec sa femme.

 

Cette rencontre fut un total échec. R*** en sortit furieux, éprouvant une antipathie marquée envers ce J-L***, jugé matamore, bravache, et brusque sur les bords, notamment avec sa femme. En plus, son intention intéressée était manifeste. Quant à moi, j’étais déçu, préoccupé, et mal à l’aise face à l’emprise évidente de J-L*** sur Solange, le mari restant en retrait. Je n’avais pas plus apprécié J***… Et j’estimais – j’estime toujours – inadmissible que le fait pour S*** de donner des cours de danse country (cours non officiels , d’ailleurs, non réglementés) lui interdise de sortir à titre privé et perso avec des amis, au prétexte qu’au cours de la soirée, on pourrait danser country…Il y a là une intolérable pression sur la vie privée des gens, qui malheureusement ne semblait pas poser de problème à l’intéressée…

 

Cette soirée partait mal : le comportement du restaurateur aggrava les choses : ou plutôt celui de sa jeune femme, qui, au cours d’une visite préparatoire, nous signifia que seuls seraient passés les CD de danse qu’elle possédait, que la conférence ne devrait pas durer plus de 30 à 40 minutes, etc, etc… le tout en fonction de sa clientèle habituelle du samedi  soir, dont notre groupe ne serait qu’une partie minoritaire…. Décidément, nous les initiateurs de la soirée, nous n’étions plus les maîtres du jeu ! Je dis mon pessimisme à R***, lui suggérant d’annuler ou de revoir complètement la copie.. Mais il resta optimiste, arguant de la sympathie que lui inspiraient le lieu et ses propriétaires, et faisant état de leur goût « pour les soirées à thème, en costumes »...

 

Ainsi partie, la soirée « promettait ». Elle tint ses promesses : elle fut détestable.

Et comme je finis par « péter les plombs », ce fut un naufrage.

 

Tout d’abord, la jeune patronne, sans nous prévenir, avait décidé que la conférence de nos amis  n’aurait pas lieu dans les locaux fermés, mais à l’extérieur, sous une bâche pouvant abriter une vingtaine de personnes. Je ne fus pas surpris : l’esprit country et elle n’étaient pas passés  par la même porte…Or, ce soir-là de début avril, le mistral soufflait en force…Dans ces conditions pénibles – on grelottait -, l’intervention d’Alain fut écourtée, et celle de Sabine réduite à 3 fois rien…Il eurent la gentillesse de ne pas nous faire de remarque, remarquant ma contrariété (R*** étant bien entendu plus « cool ») .

 

Le dîner suivit, après un apéro où la margarita vint tenter de nous réchauffer… On passa à la musique. Contrairement à ce que le patron nous avait dit, personne , parmi les convives extérieurs à notre groupe , n’avait le moindre signe vestimentaire « country ».Seul le patron arborait un vague chapeau « australien ». Alain et Sabine commencèrent à danser. Fort bien. Mais, sur un pas qu’ils venaient de nous montrer, à J et à moi, et que bien sûr je n’avais pas retenu, ils nous firent venir à leurs côtés, J et moi. Au bout de 2 séries, j’étais dans la panade…Aux tables voisines, d’où l’on nous regardait avec des airs goguenards, il y eut quelques exclamations ironiques…Je commençais à bouillir…De retour à notre table, la mère du patron me fit, certes  sans mauvaise intention, une réflexion assez maladroite, et pour tout dire , désagréable sur la danse (elle ne connaît strictement RIEN à la line dance),fort désobligeante pour moi. Et R*** lui-même,  élève non assidu et pas trop motivé par la line dance, plaisanta à son tour sans la moindre retenue…La colère montait en moi comme une lave, et j’étais au bord de la rupture.

 

Tout explosa lorsqu’Alain voulut me faire danser sur un air très rapide et rythmé, en me disant que c’était un cheyenne…Moi, alors, ne connaissant du cheyenne que l’air très lent sur lequel on dansait au Roucas, je crus à une astuce pour me faire aller sur la piste, quitte à me laisser perdre encore plus la face….(alors que c’était bel et bien un cheyenne, mais sur un rythme saccadé, ce que je ne découvris que bien plus tard..) : « j’explosais » soudain en public, y compris contre Alain, contre Josette, contre R***, contre la mère du patron, contre celui-ci et sa garce de femme, contre ces minables de convives parasites…et je sortis du restaurant en plein  milieu du repas en claquant violemment la porte, et allais me réfugier le long d’une haie , dans le froid de cette nuit d’avril venteuse….CE FUT CAUCHEMARDESQUE !

 

Josette, outragée, ne vint me chercher que près d’une heure plus tard, en sortant du resto avec les autres : R*** et sa femme échangèrent quelques mots acides avec moi à propos de mon attitude. Alain et Sabine, eux,  eurent la bonne grâce de ne rien me dire. Mais, j’appris au passage, qu’en quelque sorte j’avais moi-même évité le pire, car la soirée, après mon départ, n’avait pas tardé à « foirer » complètement. D’abord, mis à part 2 couples de convives « extérieurs » qui dansèrent un peu, en caricaturant d’ailleurs les attitudes country, la patronne décréta que la country «  ça suffisait comme çà », et passa des musiques…style hip-hop, rap, etc, qui finirent…en danse du ventre sur des rythmes orientaux !!! C’est alors que  ce qui restait de notre groupe sortit de salle.

 

POUR  UN DESASTRE CE FUT UN DESASTRE !!!!

 

A la suite de cette lamentable soirée  je compris la circonspection de J-L*** pour les soirées programmées dans un restaurant pratiquant des soirées « à thème », genre racoleur, histoire de faire du fric, et bien entendu éloignés de l’esprit country dont, lui, était incontestablement imprégné, comme on le constaterait plus tard…Dans des soirées de ce type, il est indispensable d’être maître du jeu.

 

Vis-à-vis d’Alain et Sabine, qui logeaient à la maison, et pour qui cette soirée se soldait négativement, je m’excusais de ma crise de colère par le biais de l’écriture, dans la nuit, du texte d’une ballade : « Le Blues du honky tonk », que je leur lus le lendemain matin au petit déjeuner. Alain me gratifia d’un : « voilà une réaction de countryman.. » qui signifiait que l’incident était effacé. Heureusement, car moins de 3 semaines après, nous partions ensemble pour L’AMERIQUE !!!! ( Et ce voyage entra de suite dans la Légende.) 

 

Avec le recul, au-delà du mauvais souvenir, un certain nombre d’enseignements   précieux peuvent être tirés de cette aventure ». En outre, et ce n’est pas la moindre conclusion, ce fut une étape involontaire mais importante dans mon entrée en profondeur dans l’univers de la Country.

 

(1) c’est, si j’ose dire, « ma part d’Amérique ». Je reste conscient qu’il y a à côté, et même contre cette Amérique-là, une « autre Amérique » dont je sais les dangers et les méfaits.

 

 

 

                                                                           Le manuscrit, à l’évidence inachevé, s’arrête là. Il dut être entrepris vers 2006, en vue de retracer tout un itinéraire qui était alors sur le point de parvenir à son terme pour la danse, après avoir connu un embrasement inouï entre 2002 et 2005, mais se poursuivant sur le plan musical, avec la fréquentation, ininterrompue depuis 2001, des Festivals de Country, en premier lieu les Equiblues de St-Agrève, et l’incomparable festival de Craponne s/Arzon.   Peut-être, un jour, je lui donnerai une suite, car ce fut une Belle histoire…         

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28 septembre 2012 5 28 /09 /septembre /2012 18:10

Le livre de Pierre Dimech "Pieds-Noirs et Cous-Rouges" (Prix algérianiste Jean Pomier, 2005)  a été fortement inspiré par les nombreux exemples de parenté entre l'histoire de l'Amérique et celle de l'Algérie.

Nous vous livrons ci-dessous quelques clins d'oeil à méditer.

A053

Un extrait du film "La soif des hommes" de S.de Poligny ?

Non, un colon cajun en Louisiane

 

A052                   Nous, nous aurions seulement écrit: "Chez Nous z'ôtres" en pataouète

 


A040

      Scène du bled en Arizona

 

A039

           Même décor, mais en Algérie

 

A024                   Village western en Californie

 

A023                   Village en Oranie (Detrié)

 

clin d'oeuil                     Sur le mur des disparus à Perpignan ?

                              Non, au Mémorial de l'arrivée des Cajuns en exil, à St Martinville, en Louisiane.

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2 septembre 2012 7 02 /09 /septembre /2012 12:07
lysich10
fleur de fruit de la passion
      CITATIONS TIREES DES LIVRES DE MA BIBLIOTHEQUE
William+Faulkner+william faulkner
" Le Passé n'es jamais mort. Il n'est même jamais le passé "
( William Faulkner : "Requiem pour une nonne " )

" Peu importe où tu vas: tu es là ".
( Jim Harrison : "En route vers l'Ouest " )
p38-jim-harrison
 
" Avant de participer à une bataille, les guerriers indiens déclaraient volontiers : Aujourd'hui est un bon jour pour mourir "

( Jim Harrison : "En route vers l'Ouest " )


" On découvre ce qu'est la réalité quand, penché pour regarder par un trou de serrure, on se fait botter le train à l'improviste "
( Jim Harrison : " En route vers l'Ouest " )

FC 08 Thomas Sauvage" Il y a des fois où on n'est pas obligé de savoir, pour se souvenir "
( Thomas Savage : " Le Pouvoir du Chien " )

" Ils n'avaient plus aucune idée de qui ils étaient, ne savaient plus distinguer entre le rêve et la réalité "
( Thomas Savage : " Le Pouvoir du Chien " )

" Les racines familiales s'étaient desséchées, à mesure que les feuilles se dispersaient. La distance détruit les familles "
( Thomas Savage : " La Reine de l'Idaho " )

" Si ma fille avait un enfant, je me ficherais bien de savoir qui est le père, parce que j'en serais le grand-père, ma mère en serait l'arrière grand-mère, et ainsi de suite "
( Thomas Savage: "La Reine de l'Idaho " )

" Si vous laissez une famille, vous ne mourez pas vraiment "
( Thomas Savage : " La Reine de l'Idaho " )

" Il n'est pas vrai que les hommes adultes ne pleurent pas "
( Thomas Savage : " La Reine de l'Idaho " )

Hicks" Peut-être est-ce un des privilèges de l'enfance, de ne pas se sentir le besoin de nommer le bonheur ou même de l'identifier "
( Robert Hicks : " La Veuve du Sud " )

" Il y a quelque chose de beau chez un homme qui s'acharne à défendre une cause perdue, non par ignorance, ce qui serait méprisable, mais avec la pleine conscience de son inévitable échec "
( Robert Hicks : " La Veuve du Sud " )
                                                                            -----------------------------------------------------------

«   - Je suis le général John Bell Hood. Originaire du Kentucky. Comment allez-vous, monsieur ?....

…………

- Suis-je mort ? dis-je.

- Vous n’en avez pas l’air, je dirais.

- Vous avez dit vous appeler John Bell Hood.

- C’est exact…..

………

- J’ai lu beaucoup de choses sur votre compte.

- J’espère qu’elles ont reçu votre approbation.

- Vous étiez à Gettysburg et à Atlanta. Vous avez commandé la brigade du Texas. Ils ne sont jamais parvenus à obtenir votre reddition.

‘ Mes ennemis politiques au sein du cabinet du président Davis ont parfois remarqué ce détail.

- Quel jour sommes-nous ?

- Le 21 avril 1865.

- Je ne comprends pas.                                                                                          pierre en fédéré

- Comprendre quoi ?

- Lee s’est déjà  rendu. La guerre est finie. Que faîtes-vous encore ici ?

- Elle n’est jamais finie. Je croyais que vous le saviez…..

….........

- Je crois que cette conversation n’est pas réelle. Je crois que tout ceci aura disparu à la lumière du jour.

- Vous n’êtes pas un imbécile, monsieur Robicheaux. Ne faîtes pas semblant de passer pour tel

- J’ai vu votre tombe à la Nouvelle-Orléans. Non, elle est à Metairie. Vous êtes mort de la fièvre jaune.

- Ce n’est pas exact. Je suis mort quand ils ont baissé pavillon, monsieur »

 

                                                            James Lee Burke :  «  Dans la brume électrique avec les morts confédérés »

 

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fleur d'amérique

«  C’était un soir d’avril, à l’heure du café, ou plutôt de l’absence de café ; les officiers de

l’état-major de Stuart étaient assis dans l’ombre parfumée, sous la lune nouvelle, à parler de femmes, à évoquer les plaisirs abolis, à rêver de chez eux…Ils étaient là, envahis par le charme poignant du printemps et par cette mélancolie qui, depuis que le monde est monde, hante le cœur des jeunes gens ; oublieux des fatigues et de la gloire, ils se rappelaient d’autres nuits de Virginie, avec des violons parmi des myriades de bougies et des danses futiles et graves ponctuées de rires légers et de pas menus, et ils pensaient : «  quand donc cela reviendra-t-il ? Reverrai-je une de ces soirées ? » Le sujet même de la conversation les plongeait dans une profonde nostalgie…Alors le général était sorti de sa torpeur et les avait ramenés à la réalité en leur parlant de café, ou plutôt d’absence de café ».

………………

 

«   - Ce M. Stuart, qui disait que votre frère était un cerveau brûlé…qui donc était-ce ?

     - C’était le général de cavalerie, Jeb Stuart, répondit tante Jenny.

Elle resta quelque temps pensive, contemplant le feu ; son pâle et impassible visage revêtit, durant un instant, une expression de calme tendresse.

- Il avait un sens aigu du ridicule, dit-elle. Rien ne lui parut jamais aussi bouffon que le général Pope en chemise de nuit.

Elle rêva de nouveau à quelque lointain endroit au-delà des bastions de braises roses.Pierre et tante jenny

- Pauvre homme, fit-elle.

Puis elle ajouta paisiblement :

- J’ai valsé avec lui à Baltimore en cinquante-huit.

Et sa voix avait la tranquille fierté des étendards abattus »

 

                                                                                                           William Faulkner :  «  Sartoris ».

 

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